Chapitre 2 - Transport jusqu'à destination
En s’accommodant d’une luminosité matinale, Élios émergea de sa perte de connaissance. Un lustre poussiéreux menaçait de s’effondrer sur lui à chacun de ses mouvements saccadés. Pour s’en protéger, Élios se redressa rapidement du lit sale et jauni sur lequel il était allongé. Il se trouvait dans une affreuse chambre.
— Où suis-je ? se demanda-t-il hagard.
Sur un coffre en bois pourri, Lucifer se matérialisa assis en tailleur.
— Tu te réveilles enfin ! se rassura Lucifer. Je commençais à m’inquiéter un peu.
Il descendit du coffre et s’approcha d’Élios.
— En tout cas, tu es bien amoché, constata-t-il.
Mais à ce moment-là, il disparut subitement puisque quelqu’un entra sans frapper à la porte. C’était une dame au physique imposant et au visage rond, coiffée de deux gros chignons noirs. Elle portait un uniforme rouge et jaune qui lui donnait un aspect très masculin.
— Tu n’as pas l’air très bien remis, se moqua-t-elle.
Elle s’approcha du lit tandis qu’Élios se mit sur ses gardes.
— Tu n’as rien à craindre sur mon vaisseau, la Coquille d’Huitre, présenta-t-elle avec des gestes brusques qui manquèrent d’assommer Élios. Charmant, n’est-ce pas ?
— Qui êtes-vous et pourquoi suis-je ici ? s’inquiéta Élios.
— Je suis Oshiboba, la commandante chargée de te récupérer à Boubois ; voilà pourquoi tu es ici.
— C’est donc vous qui deviez venir me chercher ?
— Affirmatif, moi-même ! répondit-elle en prenant un air fier. Je suis la perle de la Coquille d’Huitre. Tu ne trouveras pas de femme plus charmante que moi à bord. Et quelle femme ! Je suis la plus compétente de tous les explorateurs, enfin, après mon père, mais ce n’est pas une femme…
— « Explorateurs » ? répéta Élios intrigué.
— Un explorateur et cinq exploratrices à ce bord ! appuya-t-elle en désignant un cadre qui illustrait un équipage posant fièrement devant un vaisseau en forme de poisson. Notre mission ? Explorer les Terres Mortes. Enfin, depuis hier soir, il s’agit de te récupérer.
— Si vous, des explorateurs, êtes venus me récupérer, cela veut donc dire que j’en suis un ? demanda-t-il.
Oshiboba s’arrêta un instant. Elle ne parvenait pas à croire qu’Élios s’imaginait en être un. Ses joues gonflèrent puis explosèrent de rire.
— Toi, un explorateur ? Non et je n’ai pas l’impression que tu peux le devenir un jour !
Elle rit davantage, des larmes lui venant aux yeux. Élios, qui ne trouvait pas cela amusant, détourna son regard boudeur d’Oshiboba, le dirigea vers le hublot de la cabine puis parut soudain inquiet. Il se leva de son lit puis s’en approcha.
— Qu’est-ce que c’est que ça ?
— Ça, mon garçon, ce sont les Montagnes Hurlantes, dit-elle en regardant au travers du hublot. On ne s’arrêtera pas ici ; je n’ai pas l’intention que les loups ne fassent qu’une bouchée de toi.
— Je parlais de mon reflet, rétorqua Élios agacé. C’est quoi tout ça sur ma tête ?
Oshiboba empoigna sans délicatesse le visage d’Élios et le bascula de gauche à droite.
— De quoi parles-tu ?
— De schâ ! précisa Élios avec la bouche écrasée et en indiquant du doigt sa tête.
Des bandages en bien trop grosse quantité et très mal disposés s’y entremêlaient avec ses cheveux.
— Oh, ça… feignit Oshiboba d’être surprise. Bon, j’avoue ; c’est moi qui l’ai fait. Je ne suis pas très forte en soin. En les changeant, je n’ai pas pu faire aussi bien qu’Achraëlle qui m’avait demandé en quittant Boubois de les renouveler. J’y ai mis tout mon cœur cependant.
— Vous… hésita Élios. Vous savez ce qui m’est arrivé ?
— Tu as reçu une grosse branche sur le crâne, ce n’est vraiment pas de chance, répondit Oshiboba. Tu es longtemps resté inconscient.
— Une branche ? ne comprit pas Élios.
— Heureusement que César t’a sauvé.
— Où est-il ? demanda Élios. Il devait quitter Boubois avec moi.
— Il est sur la terrasse du vaisseau, à droite au bout du couloir en sortant d’ici. Mais, avant d’y aller, je te conseille de te changer ; tu remarqueras que tu es en pyjama. Il y a à ta disposition des vêtements à ta taille, ainsi que tes affaires personnelles.
Oshiboba désigna du doigt une horrible armoire.
— Bien, je vais te laisser à présent. César et toi êtes libres de vos mouvements. Cependant, tâchez d’être à l’heure pour le repas qui sera servi à treize heures, sinon vous n’aurez rien. Des horloges murales dans le couloir vous indiqueront l’heure, j’espère que vous savez les lire.
Oshiboba quitta la chambre et Lucifer réapparut une fois la porte refermée tandis qu’Élios ouvrit l’armoire qui menaça de se renverser.
— Qu’elle est cette histoire de branche sur la tête ? s’intrigua Lucifer. Ce n’est pas ce qu’il nous est arrivé ; nous nous sommes fait attaquer par un Homme-Monstre. Pourquoi n’as-tu pas dit la vérité à Oshiboba ?
— Ce qu’il nous est arrivé dans la Forêt Éclairée est vraiment étrange ; je ne sais pas s’il est bon d’en parler au premier venu, répondit Élios qui s’habilla avec difficulté.
— Parles-en au moins à César, non ?
— Je ne pense pas qu’il me croira, je verrais.
Élios se chaussa des espadrilles déposées sur le plancher puis sortit de la cabine.
Dans le couloir où il se trouvait à présent, Élios se dirigea en suivant les indications d’Oshiboba. Au bout, une porte avec un hublot donnait sur une terrasse à la poupe du vaisseau. En s’approchant, Élios perçut César en apparence humaine et lui aussi habillé. Penché contre la balustrade, il regardait l’horizon. À le voir, Élios s’apaisa. Il ouvrit la porte et le rejoignit.
— Élios, tu vas bien ! se retourna César rassuré.
Il s’arrêta dans son élan en remarquant les bandages d’Élios.
— C’est affreux ça !
— Oh ça… Laisse tomber, c’est l’œuvre d’Oshiboba, souffla Élios dépité.
César prit un air effrayant et essaya de se donner une carrure imposante.
— « Je suis la plus belle des exploratrices et ce vaisseau, c’est le plus beau de tous ! » imita-t-il Oshiboba tout en arrachant un rire à Élios. Un vaisseau… Tu parles ! Tu entends tout le vacarme que fait cet énorme bric-à-brac ? Et, as-tu remarqué que les chambres surplombent de moitié le vide ? Vu l’état du vaisseau, c’est un miracle qu’elles tiennent en place ! Ne parlons même pas de sa constitution, un mélange de planches de bois et de plaques de métal clouées ou vissées les unes aux autres de façon hasardeuse ! Cet engin, c’est plutôt une décharge volante… Je n’ai pas l’impression qu’on le quittera en vie !
César se pencha de nouveau contre la balustrade et parut triste.
— Qu’y a-t-il ? demanda Élios remarquant que quelque chose n’allait pas.
— Tu vois la zone sombre là-bas ? questionna César en la montrant au loin. C’est la Forêt Éclairée. En la voyant comme ça, à côté du reste, je me rends compte que les Bous y sont vulnérables. Heureusement que la limite les protège. Je m’inquiète pour eux. Je me demande si je n’aurais pas dû rester là-bas pour devenir garde et protéger Boubois. Ils avaient raison de nous prévenir que c’est dangereux de traverser la limite. Pas dangereux à proprement parler, mais en cela que ça risque de les exposer au grand jour…
— Je pense que tu as eu raison de m’accompagner ici ; tu peux à présent te rendre compte de tout ça, rassura Élios. Tu pourras gagner en connaissance et en expérience, et ainsi, tu pourras revenir à Boubois et le protéger mieux que quiconque.
— Tu as sans doute raison, mais je dois t’avouer une chose, souffla César. Bien sûr, je voulais venir avec toi et découvrir le monde, mais plus le moment approchait, plus l’idée m’angoissait, et je stresse d’autant plus maintenant que c’est réel. J’ai certes demandé à Karachrâm de t’accompagner en lui montrant ma capacité de métamorphose, mais plus tard je me suis résigné. C’est ensuite lui qui a insisté pour que je t’accompagne, disant que c’est important. J’ai maintenant très peur. Quoi qu’il en soit, on a vraiment été bêtes de traverser la limite alors qu’on allait le faire le soir de façon plus sécurisée.
César s’affaissa contre la barrière.
— Je suis minable, reprit-il. Lorsque tu as disparu, j’avais trop peur de te rechercher immédiatement. Je suis resté au niveau des roches terrifiantes et je me suis caché en t’attendant. Tu n’apparaissais pas au bout de plusieurs minutes, alors j’ai pris mon courage à deux mains et j’ai essayé de te chercher. Et là, pas très loin, je t’ai découvert gisant au sol avec une blessure sur le crâne ! Il y avait une grosse branche à côté de ta tête. Ce n’est vraiment pas de chance de te l’être prise ! Et ça aurait pu être plus dangereux encore ; on a évité le pire ! Mais pourquoi est-ce que tu t’es amusé à disparaitre au juste ?
— Ce n’est pas ce qu’il s’est passé ! se défendit Élios. Il y a eu un flash et j’ai été transporté en avant. Lorsque Lucifer est apparu auprès de moi, c’est devenu inexplicable. Il s’est formé à partir de lui une sorte d’Homme-Monstre qui m’a attaqué et je me suis évanoui.
— L’explication, c’est que la branche que tu as reçue sur la tête a dû t’ébranler les idées et chambouler ta mémoire, proposa César. Je pense que tu as une très bonne imagination, mais qu’elle te joue parfois des tours, à commencer par cet ami imaginaire Lucifer.
— Tu as sans doute raison… céda Élios tourmenté.
Élios semblait examiner sa mémoire, trouver une logique à tout ceci, mais se relâcha en vain.
— Et qu’est-il arrivé ensuite ? demanda-t-il.
— J’ai rassemblé toutes mes forces pour te ramener à Boubois, c’était épuisant ! Achraëlle t’a immédiatement pris en charge. Elle était paniquée de te voir ainsi. Mais elle a su refermer la plaie que tu avais au crâne. Elle a tout remis à neuf, comme si rien ne t’était arrivé. Et pendant qu’elle te nettoyait, Moshi aussi me passait un savon, mais dans le mauvais sens du terme… Il était furieux, il se doutait que l’idée d’aller explorer au-delà de la limite venait de moi. Il voulait me punir, que je ne t’accompagne plus, mais Karachrâm a insisté pour que je le puisse toujours.
— Et bien, au moins à présent tout va bien et tu es ici avec moi, tous les deux vivants, tempéra Élios.
— Sauf que nous nous retrouvons sur un vaisseau qui menace de se disloquer en présence de la rassurante et délicate Oshiboba, ironisa César.
Les deux s’échangèrent un sourire puis César regarda une horloge et la désigna.
— Je ne sais pas comment fonctionne cette chose, mais je pense qu’il doit être l’heure de se rendre au repas.
— Tu sais où on doit aller ?
— Non, mais il y a des pancartes sur les portes, nous n’avons qu’à chercher la salle à manger s’il y en a une, proposa César.
Élios et lui quittèrent la terrasse et déambulèrent dans le couloir en lisant les pancartes qu’ils croisaient. Au bout d’un moment, ils décidèrent de ne plus les lire, mais de se diriger tout simplement vers les rires qu’ils entendaient et qui se situaient derrière une porte.
— Entrons, César, proposa Élios.
Oshiboba discutait en bout de table avec les personnes qui l’accompagnaient. Elle ne remarqua pas Élios et César qui entraient dans la pièce.
— Et là, il me demande avec sa petite voix s’il est un explorateur ! se moqua-t-elle.
Elle rit seule. Quant au vieil homme assis à sa gauche, il feignit de s’étouffer en buvant sa soupe afin de lui faire remarquer la présence d’Élios et de César. Gênée, elle s’arrêta de rire.
— Oh, vous êtes là… constata-t-elle.
Une des trois jeunes femmes assises à droite d’Oshiboba se leva. Elle était très belle. Elle présentait un physique svelte, de longs cheveux raides et noirs. Son uniforme lui allait à ravir.
— Ne faites pas attention à mère et venez vous assoir, dit-elle en se plaçant derrière Élios et César.
Elle les invita d’une main sur l’épaule de chacun à prendre place à table.
— Elle peut paraitre sauvage au premier abord, mais, ne vous inquiétez pas, ce n’est pas vraiment le cas, soutint-elle.
— « Sauvage », c’est un maigre mot, chuchota César tout bas à Élios en s’installant sur une chaise vide à côté du vieil homme.
La jeune femme retourna à sa place puis se présenta.
— Je m’appelle Mahala et je suis la dernière fille d’Oshiboba. Je suis le moins bon membre de l’équipage pour la manœuvre ou la défense du vaisseau, mais je suis la meilleure en décoration. C’est moi qui me charge de l’embellir.
— Comment peut-elle être aussi nulle en décoration ? chuchota une nouvelle fois César à Élios.
Mahala désigna la petite et grosse jeune femme placée directement sur sa gauche. Elle était coiffée de deux couettes qui lui donnaient un air enfantin.
— Voici ma sœur Nobula, c’est elle la vraie sauvageonne de la famille, pas mère.
Nobula frappa ses gros poings sur la table puis menaça Mahala, la bouche pleine et les yeux exorbités.
— Oh, Mahala, tu racontes n’importe quoi ! Si l’on n’était pas là devant m’man, je t’en foutrais une bien belle sur chaque joue !
Mahala ignora ses menaces et désigna la dernière femme inconnue à la table. Grande et mince, elle semblait très sérieuse avec son long visage, son chignon sur la tête et ses joues creuses.
— Voici Nikita, une grande maladroite.
Nikita salua Élios et César, mais en reposant sa main sur la table, elle renversa malencontreusement son verre d’eau qui s’écoula sur Nobula.
— Nikita, je vais te tuer ! grogna cette dernière.
Nobula s’apprêta à frapper Nikita, mais Mahala s’interposa en la retenant. Nikita, quant à elle, se leva et emprunta une ouverture qui rendait dans la petite et très sale cuisine. Là, dans l’évier et sur les meubles, de la vaisselle sale s’entassait tandis qu’au sol des araignées mortes formaient avec la poussière des tas répugnants. Elle y récupéra un torchon afin d’essuyer les dégâts causés.
— Ne faites pas attention à ces femmes, sinon vous vous retrouverez comme moi, vieux, faible et martyrisé, dit le vieil homme à Élios et César.
— Ne l’écoutez pas, on prend très soin de lui, corrigea Mahala tout en retenant Nobula.
— Je suis Ishi, le beau-père d’Oshiboba et donc le grand-père de ces dames, se présenta le vieil homme. Ensemble, nous formons la famille et l’équipage Gamba. Maintenant que vous nous connaissez, mangez donc cette bonne préparation invita Ishi. On m’a dit que vous aimez les soupes et que…
Ishi n’eut pas le temps de finir sa phrase. Une énorme secousse renversa la marmite de soupe sur la table et déclencha une alarme hurlant dans tout le vaisseau.
Oshiboba s’élança furieusement derrière Mahala d’où elle ouvrit un grand hublot puis se pencha pour mieux voir à l’extérieur. En face d’elle, un vaisseau faisait le double du sien. Un énorme grappin s’en éjecta et s’enfonça dans une plaque de métal la brisant en plusieurs morceaux. L’un de ces morceaux arracha un des deux chignons d’Oshiboba tandis qu’un second morceau se logea dans l’autre.
— Bande d’enfoirés… grogna-t-elle.
— Un vaisseau du peuple Humanis essaie de mobiliser le nôtre ! alerta Nikita qui regardait par un autre hublot.
— Ishi, as-tu bien vérifié les secteurs de surveillance aérienne des Humanis ? lui demanda furieuse Oshiboba.
— Euh, oui… Ceux du seize ? répondit-il peu rassuré.
— Nous sommes le quinze, incapable ! vociféra Oshiboba.
Une autre secousse ébranla le vaisseau.
— Ils vont abimer ma belle Coquille ! s’indigna Oshiboba en se penchant à nouveau par le hublot.
Des androïdes s’élancèrent sur les trois câbles qui avaient été fixés contre la Coquille d’Huitre.
— Mes filles, prenez chacune une capsule volante et attaquez ces androïdes, ordonna Oshiboba. Hors de question que nous payons une amende.
Après lui avoir répondu « d’accord m’man » ses filles obéirent et quittèrent la pièce. Élios et César, quant à eux, étaient très peu rassurés. César poussait des gémissements de peur.
— Ishi, je te laisse gérer la situation à bord ! confia Oshiboba. Je ne sais pas si on va réussir à s’extraire de cette situation alors les mômes, allez récupérer vos affaires ; on va s’enfuir en capsule volante afin que je puisse assurer ma mission et vous mener à bon port ! Dépêchez-vous !
Élios et César partirent de la salle à manger et s’empressèrent de récupérer leurs affaires dans leurs chambres puis revinrent auprès d’Oshiboba qui les attendait au niveau d’une échelle dans le couloir. Ensemble, ils la descendirent.
Oshiboba, Élios et César atteignirent la soute du vaisseau. À cet instant, trois capsules rouges volantes décollaient au milieu de nombreuses caisses en bois remplies de pièces de rechange et d’outils. Ces capsules traversèrent une large porte qui s’ouvrit vers l’extérieur. Les filles d’Oshiboba quittaient ainsi la Coquille d’Huitre. Oshiboba, quant à elle, monta sur une des capsules restantes et souleva sa partie vitrée afin de rendre les sièges accessibles.
— Grimpez dedans ! ordonna-t-elle à Élios et César.
Ils montèrent à bord. Élios se plaça au milieu et César à l’arrière. Oshiboba, elle, s’installa aux commandes. Elle referma la partie vitrée puis enclencha un levier. La capsule se propulsa en dehors du vaisseau. Cependant, au lieu de planer, elle chuta lentement vers le sol, ralentie par ses deux ailerons.
— Oshiboba, pourquoi on ne s’envole pas ? s’inquiéta Élios.
— Le guidon est coincé… répondit-elle. Ishi, si je l’attrape, il va passer un sale quart d’heure ! Il devait me le réparer !
— On va mourir ! hurla de frousse César.
— Rah, mais tais-toi, espèce d’idiot ; tu me déconcentres ! se plaignit Oshiboba.
Elle frappa un grand coup dans le guidon pour tenter de le réparer, mais le cassa davantage. Elle pesta des mots incompréhensibles puis dégagea son aura qu’elle imprégna dans la capsule. Par ce moyen, elle parvint à la redresser à deux mètres du sol. Ils volèrent à présent au ras du sol puis Oshiboba procura de l’altitude à la capsule en activant les propulseurs des ailerons au moyen de sa propre aura. Ils étaient de nouveau hauts dans le ciel. César pleurait de soulagement.
— C’était vraiment amusant ; je suis partant pour le refaire, ironisa-t-il.
— Je suis ravie que ça t’ait plu ! railla Oshiboba.
Après une vingtaine de minutes de vol, ils arrivèrent à destination. Ils atterrirent sur un chemin rustique entre des terres semi-vallonnées et semi-montagneuses, au niveau d’une modeste maison. Celle-ci dégageait une certaine âme et était très isolée, placée à l’avant d’un bosquet, au fond d’une prairie délimitée par un bas muret.
— Descendez ! pressa Oshiboba. Je dois retourner protéger la Coquille d’Huitre. Frappez à la porte de cette maison là-bas. C’est là que je devais vous mener.
César et Élios descendirent de la capsule sans avoir le temps de remercier Oshiboba de les avoir menés jusqu’ici, puisqu’elle la referma aussitôt et redécolla. Ainsi restèrent-ils seuls sur le chemin à observer la maison en face d’eux. Elle présentait un crépi blanc, des volets bleus, des tuiles marron clair et était accompagnée par des bancs en bois, des arbres fruitiers et des buissons à baies.
— Ce trajet en capsule était sportif ! affirma César.
— En tout cas, pour le moment, ça en valait la peine ; c’est beau et charmant, dit Élios. Allons-y.
César acquiesça, puis ils traversèrent la prairie jusqu’à la porte d’entrée de la maison. Élios s’avança de celle-ci, prêt à frapper.
— Attends ! l’arrêta César. Tu n’as pas peur ?
— Pourquoi as-tu toujours peur de tout, César ? soupira Élios.
— Tu exagères, je n’ai pas toujours peur ! Mais, imagine qu’après Oshiboba, on tombe sur une autre folle.
— Ce ne serait pas de chance. Allez, prépare-toi.
Élios s’empara du heurtoir central de la porte et cogna trois fois avec.
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